Bonneau Émile (1893-1976)* ref.75


Photo de Simone Roy, épouse d’Émile Bonneau

Photo des parents de Simone Roy, M. Benjamin Roy et sa femme Florida Lemieux 


Photo du grand-père à Émile Roy,  Benjamin Roy 

Photo de la grand-mère à Émile Roy, Desanges Gosselin


Voici une photo intéressante de la famille Bonneau prise à l'été 1943 sur le côté sud de la maison à Tourville et selon la tradition familiale, elle a été captée par un certain Monsieur Charlebois qui œuvrait tout comme mon père, au ministère des Terres et Forêts comme agent de communication pour la lutte contre les incendies de forêts. Il présentait des vues animées dans les différentes paroisses afin de sensibiliser les gens aux feux de forêts et ses séances étaient toujours agrémentées par des courts métrages réalisés par l’Office National du Film. Sur la photo de gauche à droite, on reconnaît par ordre d'années de naissance : Gilles, Gaston, Émile, Camille, Jacques, Conrad, Monique, Jean-Claude et Paul-Eugène; en avant: Emile, père, Simone et sur ses genoux, Louise née le 5 novembre 1942. L’aîné, Benjamin est absent sur la photo (photo et texte sur la page Facebook de Tourville qui fêtait son 100e anniversaire en 2019). Texte de M. Gilles Bonneau (1937 -)

Trouver sur Facebook, partager par Marie-Josée Samson François Brisebois avec le texte suivant : ‘’Une autre belle photo prise au cours de l’été 1943 ou l’on voit en avant à gauche GillesBenjamin (assis) Louise sur ses genoux et Gaston; en arrière : Émile, Camille et Jacques.’'

En avant : Gaston Bonneau 

Arrière de gauche à droite : Louise Bonneau, Simone Roy,  , Émile Bonneau,  Monique Bonneau,   ,    , 

En arrière de gauche à droite : Émile Bonneau, Jacques Bonneau, Camille Bonneau, Conrad Bonneau, Gaston Bonneau, Gilles Bonneau et Jean-Claude Bonneau.

En avant de gauche à droite : Paul-Eugène Bonneau, Louise Bonneau et Benjamin Bonneau.


Photo je crois en 1984 photo de tous les enfants de Émile Bonneau 

De gauche à droite : Benjamin, Paul-Eugène, Jean-Claude, Monique, Conrad, Jacques, Camille, Émile, Gaston, Gilles et Louise Bonneau


Photo des hommes Bonneau, je dirais dans les années 80. De gauche à droite : Émile, Jacques, Gaston, Gilles et Jean-Claude. 


Photo source Facebook 100e de Tourville, la famille Bonneau en 2017 de gauche à droite : Gilles, Jean-Claude, Jacques, Camille, Gaston et Louise Bonneau.

Aspect des prairies de l’Ouest canadien au début du 20e siècle et de la machinerie disponible. Photo prise à Rosetown (Sask.). Le 4e personnage (debout) à partir de la gauche a été identifié comme étant Émile Bonneau.(photo et texte sur la page Facebook de Tourville qui fêtait son 100e anniversaire en 2019).



Texte de M. Gilles Bonneau (1937-   )* (son fils) qui relate un peu sa vie. Très beau texte que je trouvais important d’ajouter. 

Une famille Bonneau à Tourville...

La famille Bonneau, celle d’Émile et de Simone Roy fut la seule à avoir habité à Tourville. Nous avons été entourés de nombreuses familles de St-Pierre, Anctil, Lizotte, Ouellet, Morneau, Caron, Lavoie, Lord, Chouinard, Blier, Gagnon, Avoine, Fournier, Joncas etc... Comment mes parents ont-ils abouti à Tourville? Il y a bien eu deux frères aînés, Paul-Eugène et Jean-Claude qui y ont habité quelques années après leurs mariages pour ensuite s'installer ailleurs afin de poursuivre leurs carrières respectives au CNR.

Paul-Eugène a marié une fille de St-Athanase-de-Kamouraska, Victoire Lemieux, venue s'établir à Tourville pour enseigner la couture. Elle loua l'ancien bureau de notre père Émile et elle y installa quelques machines à coudre afin de dispenser son savoir-faire à plusieurs dames de Tourville. Elle pensionnait chez-nous et Paul-Eugène n'a pas pris de temps pour la remarquer et la courtiser... Après leur mariage en 1950, ils installèrent dans un logement au deuxième étage de la maison de Benoit Lavoie située dans la route de la station. Trois enfants y sont nés à cet endroit : Ginette, Diane et Richard...Pendant les vacances du collège, je me faisais un plaisir de monter les nombreuses marches du côté droit de cette belle maison blanche et bleue et d'aller cajoler ce petit monde. Ils déménagèrent par la suite à Daveluyville quelques années pour finalement s ‘installer à Charny. Quant à Jean-Claude, il épousa Réjeanne Boucher, la fille de l’hôtelier Pierre Boucher de l'hôtel George VI, en 1953 à Tourville et ils s’installèrent au deuxième étage de la maison de Laurette Boucher-Robin, sœur de Réjeanne qui y exerçait le métier de coiffeuse. Ils y sont demeurés quelques années avant de s'établir à Charny. Deux enfants y sont nés : Marie-France et Luc.

Émile Bonneau et Simone Roy sont originaires du même village de la Côte-du-Sud, St-François-de-Montmagny. Les parents d’Émile, Gédéon et Marie Lemieux, cultivaient une petite ferme du côté ouest du village. Huit garçons et deux filles composèrent cette famille. Émile est né en 1893 et à mesure que les années passèrent, les garçons principalement durent quitter le foyer pour faire leurs routes ailleurs...Émile ne s’intéressait guère aux chemins de fer qui étaient en pleine expansion à l’époque et il n’aimait pas tellement le travail de la ferme. Entre-temps, une jeune fille du village, Simone Roy, l’intéressait grandement au point de lui proposer le mariage. Simone, née en1901, était la fille de Benjamin Roy, chef de gare à St-François et de Florida Lemieux. Grand-père Benjamin Roy est né dans une famille de 20 enfants à Berthier-sur-Mer du mariage de Benjamin Roy, cultivateur, et de Desanges Gosselin qui compta 5 prêtres et plusieurs religieuses. Parmi ses frères prêtres, deux ont marqué l’histoire du Québec : Mgr. Paul-Eugène Roy qui fut l’évêque auxiliaire pendant de nombreuses années du Cardinal Bégin à Québec et nommé archevêque de Québec en 1925 au décès de ce dernier et Mgr. Camille Roy qui fut notamment recteur de l’Université Laval (1924-1927) et l’auteur du premier manuel d’histoire de la littérature canadienne-française (1918).

À l’annonce de la proposition de mariage d’Émile et de Simone, la grand-maman Florida y opposa un refus catégorique jugeant Émile comme un individu sans avenir… Devant ce refus, Émile décida avec son frère Gédéon de partir à l’aventure dans l’ouest Canadien. Ils bourlinguèrent tous les deux pendant quelques temps sur les quais de Vancouver comme débardeurs et par la suite, l’oncle Gédéon décida de poursuivre sa route seul plus au Sud vers la Californie où il se maria et s’établit à Fontana comme menuisier-charpentier expert dans la construction des églises. Quant à Émile, il migra plus à l’Est dans les grandes prairies où il travailla comme aide dans les grandes fermes céréalières. Vers l’année 1922 à l’âge de 29 ans, il décida de revenir au Québec. Au village de St-François, il constata que sa «promise» était encore disponible... Avec un petit pécule en poche et parlant l’anglais, il fit une nouvelle demande en mariage de Simone à grand-maman Florida! Malheur à lui, nouveau refus aussi énergique, toujours jugé sans avenir pour être son gendre. Émile prit alors la décision la plus importante de sa vie, non pas de s’inscrire au Grand Séminaire pour suivre les traces des grands-oncles Roy, mais à l’école forestière de Duchesnay qui ouvrait ses portes à la grande pépinière forestière de Berthierville. Il y poursuivit des études avancées pendant trois années (l’équivalent d’études collégiales aujourd’hui) en foresterie. Il gradua comme garde-forestier et mesureur de bois en 1925, membre de la première promotion de l’école forestière de Duchesnay qui ouvrait officiellement ses portes la même année à Duchesnay près de Québec.

Montrant fièrement son diplôme à grand-maman Florida, cette fois la grande demande fut acceptée. Ils se marièrent le 6 juillet 1925 à St-François (Montmagny) et la même année, Émile décrocha un emploi du ministère des Terres et Forêts comme garde-forestier dans les contreforts des Appalaches sur la Côte du Sud. Il avait comme responsabilité de s’adjoindre à son travail des garde-feu dans ce vaste territoire forestier du comté de l’Islet et d’une partie du comté de Bellechasse et de vérifier leur travail dans la protection des forêts contre le feu sur leur territoire respectif.

Ils s’installèrent à Tourville situé dans le comté de l’Islet à l’automne 1925 dans un petit loyer situé dans la maison où se trouvait le magasin de Bizou Fournier au cœur du village. Très tôt, ils aménagèrent dans une maison située de l’autre côté (nord) de la«track»sur la route 204. C’est dans cette maison dans la chambre au grand lit de plumes que nous sommes tous nés. Maman Simone a accouché de 14 enfants dont neuf garçons et deux filles qui y ont vécu...une maman en or comme il ne s’en fait plus! Voilà raconté très brièvement l’installation de la famille Bonneau à Tourville. Émile et Simone ont vécu à Tourville jusqu’en 1963, année où ils ont déménagé à Montréal rejoignant ainsi plusieurs de leurs enfants qui y habitaient. Ils vécurent une belle vieillesse principalement à Laval. Emile est décédé le 11 février 1976 à l’âge de 82 ans après quelques semaines d’hospitalisation et Simone le rejoignit peu de temps après suite à son décès subit survenu le 5 janvier 1977 à l’âge de 75 ans. Ils reposent tous les deux au cimetière jardin Urgel Bourgie situé à Laval sur l’avenue des Perron.

Plusieurs bons souvenirs de Tourville refont surface en écrivant ces quelques lignes… Parmi les garde-feu qui furent sous l’autorité de mon père, un certain Théophile Avoine demeurant dans la partie sud de Tourville m’a beaucoup marqué moi et toute notre famille. Ce personnage affable et toujours souriant que tous les aînés de Tourville ont bien connu est devenu très rapidement un grand ami de la famille Bonneau par le travail et pour de l’entraide entre les familles Avoine-Bonneau. Encore aujourd’hui les enfants des deux familles ont beaucoup de plaisir à se revoir et à se faire la bise. Nos vacances d’été comme adolescents ont souvent pris les routes forestières dans le petit camion rouge gouvernemental de mon père lors des visites des garde-feu. Parfois lorsque l’occasion se présentait, nous montions dans ces impressionnantes tours à feu construites à des endroits stratégiques afin d’avoir une vue panoramique et d’ensemble sur la forêt et qui servaient à détecter le moindre indice des premiers signes en cas de feu. Plusieurs personnes de Tourville se rappellent sans doute à cette époque de celle qui était bien visible dans ce que l’on appelait le chemin Arago avant le détour de la montagne. Suite à ces visites, mon père ramenait à la maison les pompes d’incendie défectueuses et tout le matériel principalement les boyaux d’arrosage (hoses) pour les réparer et les faire sécher sur des immenses supports plantés dans un gros bloc de béton et qui pointaient vers le ciel. Lorsqu’un mécanicien venait de Québec pour aider mon père à faire les réparations des pompes, nous les accompagnions pour les mises au point à la rivière du bras dans le rang 9.

En plus de la protection des forêts contre le feu, une infestation majeure d’un insecte défoliateur venu d’Europe dans les peuplements d’épinettes du Bas St-Laurent et de la Gaspésie à la fin des années 30 a mobilisé en urgence tous les principaux responsables de la protection des forêts d’alors. Tout petit, je revois encore mon père étendre un grand drap gris sale au pied d’une grande épinette et frapper le tronc avec sa hache afin de la secouer et y faire tomber les insectes sur le drap. Il ramassait et plaçait le tout dans un contenant spécial et l’expédiait au laboratoire d’entomologie situé à Duchesnay pour inventaire. C’est la découverte de cette infestation qui a conduit à la mise sur pied d’un réseau d’inventaire des insectes forestiers au Québec dont je fus le responsable à partir du printemps 1977. Sans aucun doute, ma vocation d’entomologiste forestier a pris racine au cours de ces instants précieux et inoubliables.

Ce métier de garde-forestier (on l’appelait également inspecteur forestier) et son association au ministère des Terres et Forêts prirent fin abruptement au moment de la défaite du gouvernement libéral d’Adélard Godbout et de la venue au pouvoir de l’Union Nationale de Maurice Duplessis. Les fortes convictions libérales de notre père lui firent perdre son emploi et le priver cruellement de ressources financières. Émile a dû prendre des décisions importantes et courageuses afin de continuer à faire vivre sa famille. Grâce à sa carte de mesureur de bois et à ses contacts en foresterie, il dénicha un emploi pour un entrepreneur forestier (jobber), W. H. Robinson qui faisait des coupes forestières dans le bassin de la rivière St-Jean situé dans l’état du Maine près de la frontière américaine de St-Pamphile. (Plusieurs personnes âgées de Tourville se souviennent sans doute de ce personnage hors du commun qui traversait durant les mois d’hiver, le village de Tourville avec fracas dans une bourrasque de neige, aux commandes d’un bolide monomoteur propulsé par une immense hélice derrière le poste de pilotage... ) Ce bois était acheminé par camions à l’usine de sciage des Matériaux Jos H. Blanchet située du côté canadien de la frontière à St-Pamphile. Avant de traverser la frontière, le bois devait être mesuré afin d’en évaluer les quantités et notre père Émile y avait élu domicile dans une petite maisonnette (shack) du côté américain. Il y passait les jours de la semaine et il revenait à la maison pour la fin de semaine. C’est ainsi qu’il a pu vivre les dernières années de sa vie active et y accumuler un fond monétaire intéressant lui assurant une rente annuelle du Trésor américain des plus avantageuses pour sa retraite.

D’autres anecdotes de la famille dont j’ai encore souvenir vous seront racontées dans les prochaines semaines.

Gilles.

Québec, juin 2019.




Recherches : Louise Bonneau (1969 -    )*




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